Un nouveau jalon vient d’être franchi dans le processus de mise en œuvre du cadre réglementaire de l’électrification hors-réseau. L’Agence Béninoise d’Electrification Rurale et de Maîtrise d’Energie (ABERME) vient d’initier un premier cycle de signature de titres d’exploitation de mini-réseaux électriques au profit des promoteurs privés.

L’événement a eu lieu ce 16 novembre 2021 dans la salle de conférence de l’institution. 

Cette signature intervient dans le cadre de la mise en œuvre de la Facilité d’Energie Propre Hors-Réseau (en Anglais Off-grid Clean Energy Facility (OCEF)) du MCA-Bénin II qui est la phase pilote de la réglementation sur l'électrification hors réseau en République du Bénin (Décret 2018-415 au 12 septembre 2018 portant réglementation de l'électrification hors réseau en République du Bénin). 

L’ambition du MCA-Bénin II est de restructurer le sous-secteur de l’électricité pour apporter l’énergie électrique à la majorité de la population. L’objectif est de décupler les possibilités économiques pour les ménages et d’accroître la productivité des entreprises afin de réduire sensiblement la pauvreté. Cependant, malgré l’investissement des 403 millions de dollars mis à disposition par la Millennium Challenge Corporation (MCC) dont 28 millions du gouvernement du Bénin, certaines régions péri-urbaines et rurales ne seront pas connectées au réseau conventionnel de la Société Béninoise d’Energie Electrique (SBEE). Pour pallier cette disparité, l’OCEF a été conçue pour mobiliser un financement complémentaire auprès du secteur privé et apporter l’électricité aux populations de ces zones grâce à l’électrification hors-réseau.

Dans un premier temps, l’OCEF a lancé à deux reprises des appels à projets. 16 initiatives ont été sélectionnées dont 8 concernent l’installation de mini-réseaux à base d’énergie électrique solaire photovoltaïque. Depuis lors, ces derniers se sont lancés dans le processus conformément au cadre réglementaire régissant désormais l’électrification hors-réseau (cadre réglementaire mis en place sous forte incitation du MCA-Bénin II). D’abord, les promoteurs dont les projets ont été retenus par l’OCEF ont introduit une demande de titre d'exploitation de mini-réseau auprès de l’ABERME. Cette après échange avec les promoteurs a élaboré le projet de convention de concession de chacun d’eux et a ensuite saisi l’Autorité de Régulation de l’Electricité (ARE) pour examen et avis. Pour sa part, l'ARE examine le dossier qu’elle reçoit, échange avec le promoteur et les deux parties conviennent, entre autres, du tarif de vente de l’électricité au consommateur. Suite à cela, l’ARE rencontre les populations concernées et leur présente le projet ainsi que les conditions tarifaires. L’ARE a accompli cette diligence en ce qui concerne une première  cohorte des 4 promoteurs du 2 au 8 septembre 2021. Elle a rencontré les habitants des 44 localités ciblées par ces promoteurs au cours de consultations publiques tenues dans lesdites localités. C’est suite à cela que l’ARE a donné l’avis favorable et  l’ABERME a désormais le feu vert pour attribuer les titres d’exploitation aux candidats.

Aujourd’hui c’est Asemi S.A. qui est à la table de signature, une entreprise béninoise évoluant dans le secteur des énergies renouvelables. Son projet porte sur l’installation d’une puissance de 1.3 mégawatt-crête et la construction de 30 km de réseau pour alimenter 10 000 ménages en électricité dans les localités de Djolini et Gorobani (commune de Kérou), Effèoutè (commune de Kétou), Djabata (commune de Savè), Wari-Maro et Woria (commune de Tchaourou). Félix Comlan Ebo, PDG d’Asemi S.A. se dit soulagé de cet aboutissement d’un processus qui aura duré trois ans. Désormais son titre d’exploitation en main, il peut aller sur le terrain et lancer les travaux de construction de ses mini-centrales. Et il est pressé. Il commencera ses travaux par Djabata. “On va aller très vite dans cette localité”, a-t-il déclaré. D’ici à deux mois, il pense que toutes ses populations cibles auront déjà commencé à utiliser l’électricité.

“C’est un changement de vie”, constate Christopher Davis, l’adjoint du Directeur résident de la MCC. En effet, même si des investissements colossaux ont été effectués dans la réhabilitation du réseau électrique conventionnel, l’OCEF tient une place précieuse dans le coeur du représentant du bailleur de fonds américain, car elle permettra d’apporter l’énergie électrique à des personnes qui ne l’ont jamais eue auparavant, et qui n’espèrent pas l’avoir avant au moins 10 ans. C’est pourquoi il assure aussi bien les promoteurs de son soutien jusqu’à la fin du processus.

Le Directeur général de l’ABERME se réjouit lui aussi de cette première signature de titre d’exploitation dans le cadre de l’électrification hors réseau. C'est un première au Bénin et même dans la sous-région Ouest-africaine. La semaine prochaine, il paraphera la convention de concession pour les autres promoteurs également. Mais ce qui le rend le plus heureux, c’est que cette cérémonie inaugure une nouvelle aire dans l’électrification rurale au Bénin, celle de l’implication du secteur privé. Et cela augure d’un avenir radieux porteur d’espoir pour toutes les régions isolées ou enclavées du Bénin. D’autres promoteurs encore hésitants pourront eux aussi faire le choix d’investir dans l’électrification hors-réseau au Bénin.

Pour Joël Akowanou, Directeur des opérations du MCA-Bénin II, c’est un test réussi pour l’expérimentation du cadre réglementaire de l’électrification hors-réseau auquel le MCA-Bénin II a permis de donner un coup d’accélérateur. C’est aussi une victoire pour l’OCEF qui a misé sur la participation des entreprises privées. Les 78 millions de dollars du secteur privé mobilisé en sont la preuve. La tendance doit être maintenue pour réaliser l’un des objectifs du développement durable et l’un des programmes phares du gouvernement du Bénin, qui est de pousser plus loin les limites de l’accessibilité à l’énergie électrique dans notre pays.